Le pays des Droits de l’Homme riche
Il y a des gens qu’on a éborgné parce qu’ils demandaient un peu de dignité, de respect et d’argent pour s’en sortir, eux et leurs enfants.Vous êtes peut-être passés à autre chose mais moi j’en suis toujours là.
Je suis toujours agenouillé sur les Champs-Élysées, à suffoquer dans un nuage de fumée, nassé comme un rat, à la merci du bon vouloir de mes bourreaux, à me demander si c’est ma dernière heure car simplement, bêtement, je ne peux plus, je suis dans l’incapacité de respirer. Je suis toujours par terre, dans le noir et j’entends les cris des gens qui tombent autour de moi.
Il y a des êtres humains, ici en France à qui le Pouvoir en place, arrache un bras parce qu’ils demandent à manger !!! C’est peut-être un détail pour vous, un bidule qu’on peut ensevelir sous des heures de blablas, des jours de crachats sur des plateaux de télé, une idée abstraite noyée au milieu d’une dissertation sur « faim du monde, fin du mois » dans un meeting politique où on promet la lune à vos oreilles fatiguées mais pour moi, c’est juste impardonnable, c’est inacceptable, c’est monstrueux et c’est révoltant.
Ici dans cette « belle démocratie », la lutte des classes est si intense qu’on vous arrache un œil si vous êtes un gueux qui ose protester.
Il y a des gens qu’on mutile …
Et ça ne provoque rien. Ou à peine un murmure.
Est-ce que ça vous convient ?
Ça va pour vous ? Vous avez fait quelques provisions de papiers pour essuyer les larmes qui pourraient couler bientôt de votre œil si on vous en laisse un ? Vous avez encore un peu d’essence et un stock de moutarde pour donner du goût aux pâtes ? Jusqu’ici tout va bien ?
Par ce que pour moi, non, ça ne va pas du tout. Nous sommes en 2022, nous avons passé des mois enfermés chez nous comme des cafards parce que le système de santé avait été anéanti par ceux-là même qui nous obligeaient maintenant à rédiger des attestations pour sortir de chez nous une heure par jour. J’ai vu vos visages disparaître sous des voiles de papier dans des rues parfois désertes ou dans des voitures sans passager. Je suis stupéfait d’apercevoir certains d’entre vous faire la queue pour aller présenter des certificats de bons citoyens, renier toutes nos libertés juste pour l’inconcevable privilège de boire un verre en terrasse et je me sens de plus en plus seul.
Hé, ho , il y a encore quelqu’un ?!
Laissez-moi vous le répéter : dans ce pays, certains de nos compatriotes n’ont plus qu’un œil parce qu’ils ne voulaient pas tendre l’autre joue en se faisant vider les poches.
Il y a une presse qui n’est plus que propagande. Une censure qui s’installe. Un espace de réflexion de plus en plus restreint parce que tout ce qui dépasse du cadre de la doxa est marqué au fer rouge par le sceau du « complotisme » et envoyé disparaître dans le vide du cyberespace, ici personne ne vous entendra crier. Les hôpitaux persistent à être dépouillés, tous les services publics sont pulvérisés et les caisses de l’État, consciencieusement vidées pour remplir celles de cabinets d’entourloupes. Les usines continuent de fermer, le chômage ne diminue que par prestidigitation. L’école sera bientôt un luxe, les rues sont remplies de pauvres hères à vélo avec un sac énorme sur le dos qui sont réduits à risquer de se faire écraser pour ramener une pizza le plus rapidement possible à des gens qui ne veulent plus sortir de chez eux et dans 5 ans, gageons qu’on parlera de leur donner une retraite à 70 ans.
Nous sommes en 2022 et après tous les mensonges, tout le mépris, tous les bras arrachés, tous les yeux crevés, toute la complaisance de la caste dominante, toute la malveillance qu’il a pu déployé, l’Éborgneur vient d’être réélu et j’en suis MALADE. Je suis consterné que les mutilations ne soient pas suffisantes pour le faire déguerpir dès la première manche. Incroyablement déçus par l’absence d’empathie des mes compatriotes, leur manque d’humanité et leur aveuglement. Si je n’étais pas possiblement moi-même en route vers l’abattoir, je vous dirais que j’espère que l’imposteur va les saigner ! Oui, car ces dernières années, notre très cher ami m’a fait découvrir ce qu’est la haine. Je ne croyais même pas qu’il me soit possible de l’éprouver avec autant de force.
Je profite des derniers espaces de liberté qu’il reste pour vous l’écrire. Je ne sais sincèrement pas si ce sera encore possible dans cinq ans. Après tout, au train où les choses évoluent, qu’est ce qui nous sépare vraiment de la dictature ? A combien d’encablures se situe le moment où ils tireront sur la foule ? Soyez certains que le jour de la bascule, sur vos chaînes de télépropagande, on trouvera toutes les excuses du monde pour légitimer la chose et la rendre présentable.
Après tout, les référendums ne sont-il pas dépeints aujourd’hui comme le dernier cri du fascisme et les lignes de la Constitution ne commencent-elles pas à être effacées, d’abord dans le discours, pour récrire l’Histoire jusqu’à la faire oublier.
La guerre c’est la paix et du Général, il ne reste plus que des vieux bouts de papier bientôt emportés par le vent.